Peux-tu te présenter ? Nous dire quel a été ton parcours jusqu’à ton lancement en freelance ?

Je m’appelle Yann. J’ai fait des études pour être développeur (IUP + DESS). Contrairement a beaucoup d’autres développeurs, j’ai commencé comme salarié chez un client final de type PME. La taille de la structure a fait que je menais mes développements de manière autonome, et je tenais tous les postes : AMOA, MOA, dév, testeur, run … J’ai rapidement évolué vers de la véritable gestion de projet, pour des projets IT. J’ai ensuite pivoté vers un poste de responsable de production (exploitation, gestion applicative, système et réseau). Durant ces près de 15 années de salariat, j’ai fait une petite incursion d’une année dans une ESN avec 2 missions pour un grand groupe bancaire. Ce n’était pas très concluant comme expérience. Le travail était trop en silo. Il ne fallait pas (se) poser trop de questions.

Qu’est-ce qui t’a motivé à passer en freelance ? A quel moment as-tu sauté le pas ?

Mon expérience dans le salariat s’est plutôt mal finie. Une nouvelle direction a été nommée dans l’entreprise pour laquelle je travaillais. Cette nouvelle direction est arrivée avec l’idée préconçue que nous ne faisions pas bien notre travail et leur objectif a donc été de remplacer l’ensemble du service informatique, sans se poser de questions. Ils n’ont pas du tout essayer de faire ça proprement.
Pour ma part, j’ai vite compris et j’ai négocié une rupture conventionnelle. J’ai cependant vu les dégâts que ça pouvait causer. J’avoue que ça m’a refroidi sur le salariat.

En cherchant un nouveau travail, je me suis également rendu compte que la majorité des postes était proposée par des ESN. Quitte à faire de la prestation, je me suis dit que ce serait pas mal d’essayer de la faire à mon compte. Enfin, la rupture conventionnelle m’a permis d’être demandeur d’emploi. A cette occasion, j’ai pu profiter d’un accompagnement à la création d’entreprise via le
programme Activ’Crea. Pôle emploi proposait également, avec l’ARCE, une aide financière pour se lancer. (Je pourrais parler plus de ce sujet, mais ce n’est pas l’objet ici). C’est la conjoncture des ces 3 éléments qui m’a amené au freelancing.

Peux-tu nous présenter ton activité de freelance? ton métier ? nous parler d’une de tes dernières missions ?

J’ai beaucoup de cordes à mon arc dans mon activité de freelance. Je fais de la gestion de projet IT, du conseil (IT et organisation), du management de transition, de la formation, de la stratégie IT. L’une de mes plus grandes forces est de faire le lien entre des équipes
techniques et des équipes métier. Je peux vulgariser les problématiques techniques pour les expliquer au métier. Je peux traduire les difficultés métiers pour des équipes techniques. Accessoirement, j’aide régulièrement des freelance à se lancer. Je fais également partie d’un collectif d’indépendant spécialisé dans les métiers du back office (OfficeLab). Une de mes dernières missions a été d’accompagner l’équipe projet de remédiation RGPD pour le parc applicatif existant d’une société d’assurance. J’étais notamment en charge de la conduite du projet d’anonymisation des environnements de non production Recueillir les besoins des utilisateurs (Equipes métiers, équipes MOA, équipes MOE, équipes techniques)

Synthétiser les contraintes réglementaires et les besoins utilisateurs afin de lister les données à anonymiser et proposer des règles
d’anonymisation. Suivre l’avancement du projet et le respect des jalons. Accompagner les changements techniques et humains induits par le projet. Promouvoir le sujet RGPD auprès des différentes équipes Un autre type de mission depuis l’année dernière : je donne des cours à de futurs ingénieurs. Il y a la préparation du support de cours, le cours, les évaluations… C’est une autre expérience, qui oblige à prendre du recul sur son travail et ses pratiques. C’est très enrichissant.

Quelle était ta plus grande crainte avant de te lancer en freelance ?

Ma plus grande crainte était de passer à côté de quelque chose, oublier un élément structurant qui aurait mis en péril mon activité.
Le parcours Activ’Crea m’a vraiment rassuré en balayant tous les points à prendre en compte dans la création d’une entreprise.
Ce parcours étant fait en groupe, sur différentes activités, c’était très complémentaire et chacun apportait des idées aux autres.

As-tu des outils coup de cœur au quotidien ?

Internet, ça compte ? On trouve tellement d’information utiles au quotidien, que ce soit pour son travail ou pour la création / gestion d’entreprise. En terme d’outils, j’aime beaucoup Teams pour le travail collaboratif. C’est un outil vraiment très puissant. Il manque juste la possibilité de brancher plusieurs organisations / comptes (ce que propose Slack, qui par ailleurs n’est pas top du tout en appel/visio). C’est un peu difficile en indépendant quand on a plusieurs organisations clientes en parallèle. J’aime aussi beaucoup Notion. Je n’utilise pas encore toutes les fonctionnalités, mais ça permet de prendre des notes et les mettre en forme très rapidement. Je l’utilise de plus en plus. On peut aussi mettre en place de la gestion de projet light, du partage collaboratif. J’ai écrit tout ça dans Notion.

Comment fais-tu pour trouver des clients ? (démarchage, recommandations, plateformes)

Je n’ai jamais fait de démarchage jusqu’à présent. Ma principale source de mission est le bouche à oreille. J’ai principalement
retravaillé pour des personnes avec qui j’avais déjà collaboré, ou bien qui m’ont recommandé sur une mission. J’ai eu quelques contacts sur LinkedIn, mais plutôt pour des CDI. Je n’ai pas investi cette plateforme, mais je pense que ça peut être un pourvoyeur de mission important. J’ai également trouvé une mission de formation via Malt, mais ça a été le seul cas. J’ai l’impression que certaines plateformes ne sont pas super adaptées pour des profils un peu atypiques et seniors comme le mien. Je ne rentre pas vraiment dans les cases. Et puis le TJM est souvent trop élevé. On sort un peu de la grille standard. Il est marrant de voir que beaucoup de clients parle de qualité, référence, efficacité … mais n’hésitent pas à privilégier un profil 10 ou 20% moins cher, quand bien même il répond moins bien au besoin. Il y a une vraie schizophrénie sur ce sujet.

Comment te formes tu au quotidien ?

Je fais de la veille en échangeant au quotidien avec mes pairs, notamment sur le forum Free-work. Je suis des webinaires sur des sujets que je connais peu afin de comprendre un peu mieux et voir si ça vaut le coup de creuser. Je lis également des articles sur les sujets qui m’intéressent (organisation du  travail, gestion de projet, sécurité, protections des données) J’écoute également des podcasts en faisant du sport (optimisation du temps). Moins régulièrement, je suis des petites formations type MOOC.

Si tu pouvais t’adresser au Yann des débuts qui vient de se lancer en freelance, quel conseil lui donnerais tu ?

Ne change rien. Je suis content des choix que j’ai fait. Je n’ai aucun regret sur ce qui s’est passé depuis que je suis freelance. J’ai eu aussi quelques galères, mais franchement, pas tant que ça. J’ai fait des supers missions, j’ai rencontré des personnes au top et j’ai découvert plein de nouvelles choses. J’ai aussi fait un travail perso sur moi même (accompagné par une psychologue). Ca m’aide beaucoup au quotidien. Je suis très content d’avoir fait ça aussi à ce moment là.